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FAIT : Une publication diffusée sur les réseaux sociaux, notamment sur Facebook, affirme que des affrontements violents ont éclaté en Côte d’Ivoire le jeudi 24 avril 2025, lors d’une marche organisée par le PDCI-RDA, parti de l’opposition, pour protester contre la radiation de leur dirigeant Tidjane Thiam de la liste électorale. Le post est accompagné d’un montage de dix images.
VERDICT : FAUX. Les images utilisées pour illustrer de prétendues violences liées à la marche du 24 avril 2025 sont sorties de leur contexte. Aucune violence n’a été signalée lors de cette mobilisation pacifique du PDCI. Il s’agit d’une manipulation visuelle visant à semer la peur au sein de la population.
TEXTE
Le 24 avril 2025, un post publié sur Facebook par un utilisateur se présentant sous le nom de Burkinabè Nék-taaba, un compte suivi par 67 000 abonnés, a suscité une vague de réactions en ligne. Ce message affirme que, je cite textuellement un partie du long message :
“#cotedivoire : Radiation électorale stratégie politique dun dictateur les ombres sur les manœuvre du régime dictatorial ivoirien RHDP
Le 24 avril 2025, la Côte d’Ivoire s’est retrouvée au cœur d’une controverse politique d’une gravité exceptionnelle.
Ce jour-là, des marches massives ont été organisées par le Parti Démocratique de
Côte d’Ivoire (PDCI) dans plusieurs villes du pays, traduisant une opposition frontale à la radiation de leur leader, Tidjane Thiam, de la liste électorale.
Cette décision judiciaire, prise deux jours plus tôt, écarte un acteur clé de la scène politique ivoirienne et, par ricochet, prive des millions d’Ivoiriens de l’opportunité d’un débat électoral pluraliste à l’élection présidentielle prévue pour octobre prochain”.
Source : capture d’écran de la publication
L’internaute rappelle la cause du différend sur la nationalité du président du PDCI-RDA? Tidjane Thiam, et commente, je cite :
“Une telle rigueur, appliquée de manière aussi sélective, nourrit les soupçons d’une utilisation stratégique et discriminatoire des institutions judiciaires pour affaiblir l’opposition. Dans ce climat tendu, même les forces de l’ordre se trouvent impliquées dans des incidents regrettables, alimentant davantage la méfiance et les frustrations” fin de citation.
Cette publication a suscité beaucoup de réactions. On a recensé 198 partages, 267 likes et 55 commentaires, certains commentaires essaient de rassurer; alors que d’autres contiennent des éléments problématiques, un discours de haine pouvant avoir des conséquences graves :
VÉRIFICATION
Pour authentifier les images diffusées dans le post, nous avons utilisé les outils de recherche d’image inversée notamment TinEye. La publication met en scène une série d’images montrant des pneus en feu sur les trottoirs, des véhicules calcinés, ainsi que des forces de l’ordre en position d’affrontement avec des manifestants. Or, toutes ces images proviennent en réalité de la crise postélectorale de 2010-2011, une période marquée par de violents affrontements ayant fait de nombreuses victimes.
Source : capture d’écran de la publication Facebook qui reprend d’anciennes images de la crise postélectorale de 2010-2011
Huit images sur 10 publiées dans ce post date en réalité de la période entre 2010 et 2011. Ces photos avaient été publiées, à l’époque, par des médias internationaux crédibles. Ces médias avaient ainsi documenté des scènes de violences liées à la crise postélectorale qui a suivi le second tour de la présidentielle ivoirienne de 2010.
Deux images supplémentaires, également publiées dans le même post sont plus récentes. Elles ont retenu notre attention : l’une montre une foule rassemblée pacifiquement au quartier d’affaires Plateau, à Abidjan, écoutant des militants du PDCI-RDA : une photo effectivement prise le 24 avril 2025.
L’autre image est issue du meeting politique animé par le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, tenu le 15 février 2025 à Yopougon, commune du district d’Abidjan, dans le cadre d’une réunion de mobilisation pour l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Le montage des 10 photos diffusées laisse donc faussement croire que la marche du 24 avril 2025 aurait dégénéré.
CONCLUSION
Ce post est un exemple typique de désinformation politique appuyée par un montage trompeur et alimentée par un climat numérique toxique. Dans un contexte préélectoral déjà tendu, la vigilance face aux fausses informations et aux discours de haine en ligne est plus que jamais nécessaire.
Le post associant des images de la crise postélectorale de 2010-2011 à la marche du 24 avril 2025 constitue une tentative manifeste de désinformation.
Il vise à créer la peur en rappelant des violences passées et susciter l’émotion.
Article réalisé dans le cadre de la bourse 2025 du Centre for Journalism, Innovation and Development (CJID)
