Guinée-Bissau : des élections 2025 sans le PAIGC, une grande première

En Guinée Bissau, le scrutin de la présidentielle couplé aux législatives et prévu le 23 novembre 2025, sera inédit du fait de l’absence du parti historique, le Parti Africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC).

La formation politique, tête de file de la coalition PAI TERRA RANKA (Plate-forme d’Alliance Inclusive – Terra Ranka pouvant se traduire par: La marche du pays est enclenchée), a d’abord vu sa liste pour les législatives rejetée pour dépôt hors délai, alors même que la date limite de dépôt n’était pas encore échue. Ensuite, la Cour suprême (Tribunal Supremo de Justiça) a invalidé la candidature de Domingos Simões Pereira à la présidentielle, estimant que la coalition PAI TERRA RANKA, qui le présentait, ne dispose pas d’une validité légale (falta de validade légal). Cette décision a été annoncée par la télévision nationale bissau-guinéenne.

Guinée-Bissau : des élections 2025 sans le PAIGC, une grande première

Source: TGV télévision nationale bissau-guinéenne

Le parti a introduit un recours, soutenant que la candidature de son leader, Domingos Simões Pereira, était portée uniquement par le PAIGC, et non par la coalition. Le procès-verbal de la réunion du comité central, qui désignait officiellement Domingos Simões Pereira comme candidat du parti, n’a toutefois rien changé. Le Tribunal a confirmé sa décision, estimant que le mandataire de Pereira avait bien déposé la candidature au nom de la coalition. Ce verdict écarte définitivement le principal opposant du Chef de l’Etat sortant, Umaro Sissoco Embaló, de la course à la présidence.

Guinée-Bissau : des élections 2025 sans le PAIGC, une grande première

Source: Vatican news, Domingos Simões Pereira 

1994, année charnière dans l’histoire politique

Parti qui mena la lutte de libération contre la colonisation portugaise, le PAIGC a gouverné la Guinée-Bissau avant l’instauration du multipartisme. Avec l’avènement du pluralisme politique en 1994, il a continué de remporter les élections et de gouverner le pays, jusqu’à l’éclatement de la guerre civile de 1998. Cette période est communément appelée « 7 de Junho » (7 juin), en référence à la date du déclenchement du conflit opposant la junte militaire dirigée par le général Ansumane Mané au président de la République João Bernardo “Nino” Vieira. 

C’est après cet épisode que le PAIGC a perdu, pour la première fois, les élections couplées de novembre 1999 – janvier 2000, au profit du Parti du renouveau social (PRS – Partido da Renovação Social), dirigé par Kumba Yala, un ancien du PAIGC.

Le parti subit ensuite une nouvelle défaite à la présidentielle de 2005, remportée par Nino Vieira, revenu d’exil. La dernière défaite du PAIGC remonte à 2019, face à Umaro Sissoco Embaló, l’actuel président.

Depuis les premières élections multipartites de 1994, la Guinée-Bissau a organisé quatorze scrutins, répartis à parts égales entre présidentiels et législatifs. Le PAIGC en a perdu quatre: trois présidentielles (1999-2000, 2005 et 2019) et une législative (1999-2000).

L’élection présidentielle de 2012 a été annulée entre les deux tours, à la suite d’un coup d’État militaire, alors que Carlos Gomes Júnior, candidat du PAIGC, était en tête du premier tour avec 48,97 % des voix et devait affronter au second tour Kumba Yalá du PRS (23,36 %). 

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