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L’Afrique de l’Ouest, riche en ressources naturelles et stratégique sur l’échiquier géopolitique, est devenue un terrain fertile pour les campagnes de désinformation orchestrées par des puissances extérieures. Ces nations utilisent la désinformation pour promouvoir leurs intérêts géopolitiques et économiques, influençant ainsi la stabilité et empiétant sur la souveraineté des pays ouest-africains.
Le Sahel, une région en proie à des conflits armés et à l’instabilité, est au cœur de la lutte d’influence entre la France et la Russie. La France, ancienne puissance coloniale, est présente militairement dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, tandis que la Russie cherche à s’étendre en Afrique à travers des partenariats militaires et économiques.
En 2021, lors des manifestations contre la présence militaire française au Mali, des vidéos truquées et des informations manipulées ont circulé sur les réseaux sociaux, accusant les troupes françaises de collusion avec les groupes terroristes. Ces contenus, largement partagés, ont exacerbé le sentiment anti-français et ont été attribués à des sources liées à des entités pro-russes. Parallèlement, des groupes pro-français ont diffusé des récits critiquant l’influence croissante de la Russie dans la région, notamment à travers la présence du groupe paramilitaire Wagner. Ce jeu de propagande et de contre-propagande a intensifié les divisions internes et a affaibli les efforts de pacification au Mali et au Burkina Faso.
En Guinée, pays riche en bauxite, en fer et autres minerais, la guerre économique entre les États-Unis et la Chine prend la forme d’une guerre informationnelle. La Chine, principal investisseur dans l’industrie minière guinéenne, est régulièrement la cible de campagnes de désinformation, souvent promues par des sources occidentales. Par exemple, des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux affirmant que les investissements chinois seraient responsables de l’exploitation abusive des ressources et de la dégradation environnementale sans apporter de bénéfices réels à la population locale.
De l’autre côté, des récits pro-chinois mettent en avant le soutien de la Chine au développement de la Guinée grâce à des investissements massifs, tout en dénonçant les tentatives américaines de déstabilisation à travers le financement d’ONG et de médias critiques envers le gouvernement. Cette bataille de récits crée une confusion chez la population et complique les relations diplomatiques et économiques du pays.
L’utilisation de la désinformation par des puissances extérieures en Afrique est un sujet de préoccupation. En décembre 2020, Facebook annonce la suppression de comptes inauthentiques ayant été gérés par des agents français et qui visaient le Mali et la République centrafricaine (RCA). Ces campagnes de désinformation ont cherché à façonner le récit autour de la politique française et de la situation sécuritaire dans le pays tout en essayant de contrecarrer les campagnes de désinformation russes ciblant les intérêts français.
En Côte d’Ivoire, la lutte d’influence entre la France et les États-Unis se manifeste également à travers la désinformation, en particulier lors des périodes électorales. Des campagnes de désinformation ont été lancées par des acteurs soutenant des intérêts français et américains pour influencer l’opinion publique. Des articles de presse et des publications sur les réseaux sociaux sont utilisés pour diffamer des candidats considérés comme opposés aux intérêts occidentaux, tandis que des contenus pro-occidentaux mettaient en avant les avantages des partenariats économiques et militaires avec la France et les États-Unis.
Le Nigéria, en tant que puissance économique et politique en Afrique de l’Ouest, est également au centre de la rivalité notamment sino-américaine. Les États-Unis et la Chine, qui cherchent à renforcer leur influence économique dans le pays, ont recours à la désinformation pour discréditer les initiatives l’un de l’autre. En 2022, une campagne de désinformation visait la Chine. Pékin avait été accusé de construire des commissariats de police au Nigeria et d’avoir même pris le contrôle de son service douanier. En réponse, des médias pro-chinois ont publié des articles vantant les mérites des projets financés par la Chine et critiquant l’ingérence américaine dans les affaires intérieures du Nigéria.
Cette bataille pour le contrôle des perceptions publiques a compliqué la mise en œuvre de projets de développement et a attisé le scepticisme envers les intentions des puissances étrangères, tout en influençant les choix politiques du gouvernement nigérian.
Conclusion
Le recours à la désinformation par des puissances économiques mondiales pour promouvoir leurs intérêts en Afrique de l’Ouest soulève des défis majeurs. En manipulant l’information, ces acteurs cherchent à influencer l’opinion publique, à affaiblir les gouvernements en place et à renforcer leur présence économique et militaire.
Pour les pays africains, il est essentiel de développer des stratégies efficaces pour contrer la désinformation, notamment en renforçant la résilience de leurs médias, en promouvant l’éducation aux médias et en encourageant une coopération régionale pour protéger la souveraineté informationnelle.
