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FAIT : Un compte sur la plateforme X (ex-Twitter), « VIVA CABRAL », a affirmé que l’homosexualité est légale en Guinée-Bissau depuis 1993, que les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles peuvent servir dans l’armée et que la discrimination est interdite.
VERDICT : Partiellement faux. L’homosexualité n’est plus criminalisée en Guinée-Bissau depuis 1993. Toutefois, aucune loi n’autorise les relations homosexuelles, ni ne protège les personnes LGBT contre les discriminations. Par ailleurs, les autorités démentent toute intégration de personnes LGBT au sein de l’armée.
TEXTE
Une publication diffusée sur X affirme que l’homosexualité est légale depuis 1993 en Guinée Bissau. Le compte X « VIVA CABRAL » reprend une séquence de cinq secondes extraite d’une vidéo de Brut Afrique. Dans l’extrait, on entend une femme sénégalaise lesbienne prénomée Fanta, mariée à une Suisso-Haïtienne, expliquer que son rêve est de retourner au Sénégal ou ailleurs en Afrique de l’Ouest pour y créer une association LGBT.
Source : « VIVA CABRAL »
Le message, publié le 12 août 2025, a recueilli en cinq jours plus de 34 mille vues, et plus de 170 partages. Le texte accompagnant la publication affirme je cite : “La bande d’arrièrés qui ricane dans les cités en pensant que LGBT et Afrique de l’ouest c’est incompatible, en Guinée Bissau l’homosexualité est legale depuis 1993, les personnes lesbiennes, gays et bisexuelles peuvent exercer dans l’armée et la discrimination est illegale… ”.
VÉRIFICATION
En Guinée Bissau, l’ancien Code pénal de 1886, hérité de la colonisation portugaise, qui était jusque-là en vigueur, prévoyait de sanctionner les personnes commettant actes contraires à l’ordre naturel, stipulant que ces personnes doivent être envoyées dans des camps de travail. Des dispositions prévues dans les articles 70 et 71 du Code pénal de 1886. La Guinée Bissau a adopté, depuis 1993, un nouveau code pénal. Ce texte ne fait plus aucune mention de l’homosexualité.
Par ailleurs, le gouvernement Bissau-guinéen a signé la déclaration commune sur les droits de l’homme, l’orientation sexuelle et l’identité de genre présentée à l’Assemblée générale des Nations unies en 2008.
Source : Organisation des Nations Unies (ONU)
Cependant, l’égalité juridique n’implique pas forcément une protection effective. Comme le souligne Ussumane Embaló, journaliste correspondant de RFI à Bissau, les droits des personnes LGBT ne sont pas pleinement garantis dans la pratique. Celles-ci restent confrontées à des discriminations sociales et à de forts préjugés culturels.
L’organisation de défense et de promotion des droits LGBTQ, Outright International, dans sa rubrique Country Overview (aperçu ou présentation du pays), indique qu’en Guinée-Bissau, bien que l’homosexualité soit dépénalisée, aucune loi ne reconnaît les relations entre personnes de même sexe. Le pays ne dispose d’aucune protection juridique contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, ni sur les caractéristiques sexuelles. Par ailleurs, il n’existe aucune procédure de reconnaissance légale du genre.
Source : Outright International
Le chef de cabinet du président de la République Bissau-guinéenne, Califa Soares Cassamá, dément l’affirmation selon laquelle les homosexuels seraient officiellement intégrés dans les forces de défense et de sécurité. “C’est faux. L’armée est composée exclusivement d’hommes et de femmes”, a-t-il déclaré.
CONCLUSION
La publication de « VIVA CABRAL » associe un fait exact à une fausse information. La dépénalisation de l’homosexualité dans le nouveau code pénal de 1993 de la Guinée-Bissau est vraie; mais les personnes LGBT ne sont pas intégrées dans l’armée, elles n’ont pas de protection juridique ni de reconnaissance sociale.
