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La reconnaissance des langues nationales comme langues officielles ne réduit pas l’analphabétisme en Guinée 

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FAIT : Le président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, a déclaré, le 21 septembre 2025, à la presse : ‘’L’analphabète, maintenant, ce n’est pas celui qui ne sait pas parler français. (…..) Ça veut dire que le taux d’analphabétisme devient zéro en Guinée, selon la nouvelle constitution. Vous venez au tribunal, vous parlez en soussou. Vous venez à l’hôpital, vous parlez en pulaar. Vous êtes guinéen, le pular et le français ont la même valeur. Ça, c’est la grande innovation’’

TEXTE

Dansa Kourouma est devenu le président du Conseil national de la transition (CNT) depuis le 22 janvier 2022. À la suite du coup d’État de 2021, le CNT est devenu l’organe législatif intérimaire de la République de Guinée. Composé pour refléter la diversité de la société guinéenne, le Conseil national de la transition était chargé d’élaborer la nouvelle Constitution soumise au référendum du 21 septembre 2025 et promulguée officiellement par le général Mamadi Doumbouya à travers un décret lu à la télévision nationale.

Le président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, a alors déclaré aux médias : 

‘’L’analphabète, maintenant, ce n’est pas celui qui ne sait pas parler français. L’analphabète, c’est celui qui ne sait pas s’exprimer dans une langue nationale. Qui ne peut pas s’exprimer dans une langue nationale ? Ça veut dire que le taux d’analphabétisme devient zéro en Guinée, selon la nouvelle constitution. Vous venez au tribunal, vous parlez en soussou. Vous venez à l’hôpital, vous parlez en pulaar. Vous êtes guinéen, le pular et le français ont la même valeur. Ça, c’est la grande innovation’’.

Les articles des médias guinéens sont repris sur les réseaux sociaux notamment par le compte Facebook “VisionGuinee”.   

VÉRIFICATION

La Guinée s’est dotée d’une nouvelle Constitution à l’issue du référendum du 21 septembre 2025. Parmi les innovations annoncées figure la reconnaissance, en son article 5, des langues nationales et du français comme langues officielles. Cependant noter que le français reste la langue de travail

La reconnaissance des langues nationales comme langues officielles ne réduit pas l’analphabétisme en Guinée 

Source : Nouvelle constitution de la Guinée, 2025

La Guinée utilise plusieurs langues nationales. Le pulaar, le malinké et le soussou sont les langues nationales les plus parlées et les plus utilisées dans la communication officielle et éducative. Ces trois langues sont également écrites à l’aide de différents systèmes :

  • Alphabet latin
  • N’ko
  • Arabe
  • Adlam
  • Korésébéli

Cependant, même si ces langues sont écrites, le système d’écriture n’est pas maîtrisé par la plupart des locuteurs, y compris par une majorité de Guinéens ayant pourtant fréquenté l’école. Or, la définition de l’analphabétisme donnée par l’UNESCO et reconnue sur le plan international affirme que tout individu est analphabète s’il est incapable de lire, d’écrire, de calculer et de comprendre une phrase courte et simple sur la vie de tous les jours dans une langue donnée. Parler une langue ne suffit donc pas à sortir de l’analphabétisme.

Nous avons consulté également le Programme Décennal de l’Education en Guinée ProDEG « 2020 – 2029 » validé en 2019. Ce programme élaboré et piloté par le Gouvernement  guinéen, à travers le Comité Interministériel chargé de l’éducation nationale avec  l’implication notamment du Partenariat Mondial pour l’Éducation et de l’UNICEF, s’appuit essentiellement sur la définition de l’UNESCO, selon laquelle une personne est considérée comme analphabète si elle ne sait ni lire ni écrire.

La reconnaissance des langues nationales comme langues officielles ne réduit pas l’analphabétisme en Guinée 

Donc parler une langue nationale ne suffit pas à sortir de l’analphabétisme. La majorité des Guinéens s’expriment en langues locales; mais beaucoup ne maîtrisent ni la lecture ni l’écriture de ces langues.

Le taux d’analphabétisme en Guinée reste très élevé : 68 %, selon la déclaration officielle du ministre de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, Jean Paul Cedy, le 8 septembre 2024.

CONCLUSION

Affirmer que « le taux d’analphabétisme devient zéro » est totalement faux. Les langues nationales sont désormais reconnues comme langues officielles; mais parler une langue nationale ne suffit pas à sortir de l’analphabétisme, qui reste défini par la capacité à lire et à écrire selon l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

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