Senegal

Le digital en appoint de la communication électorale traditionnelle

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Le 24 mars 2024, les Sénégalais se rendront aux urnes pour élire leur prochain président. Dans cette bataille électorale où chaque voix compte, la communication digitale s’est imposée comme un outil incontournable pour séduire les électeurs. 

Si autrefois les meetings traditionnels et les affiches murales dominaient le paysage électoral, aujourd’hui, une révolution numérique s’opère. Fini le temps des stratégies de campagne classiques ; désormais, c’est sur les réseaux sociaux et les plateformes numériques que se joue une grande partie de la bataille pour la conquête du pouvoir.

Facebook, Twitter, Instagram, TikTok, YouTube, etc., tous les canaux sont exploités pour diffuser des messages, séduire les électeurs et tenter de se démarquer de la concurrence. Live streaming, infographies, vidéos virales, les candidats rivalisent d’ingéniosité pour captiver l’attention des internautes sénégalais, de plus en plus nombreux à s’informer et à s’exprimer en ligne.

Mais quelle est l’efficacité réelle de ces stratégies digitales ? l’expert en transformation digitale, Aboubacar Sadikh Ndiaye explique que « la communication digitale joue un rôle essentiel dans la stratégie de campagne des différents partis politiques et candidats. Elle permet une diffusion rapide et efficace des messages électoraux à un large public, notamment les électeurs, les militants et les observateurs nationaux et internationaux, et même de mener des opérations de marketing politique. Grâce aux plateformes en ligne telles que les réseaux sociaux, les sites web et les applications de messagerie, les candidats peuvent atteindre leur public cible de manière directe et interactive ».

L’utilisation de la communication digitale s’est ainsi généralisée parmi tous les acteurs impliqués dans le processus électoral, allant des partis politiques aux coalitions, en passant par les organisations de la société civile et même les institutions étatiques.

Le journaliste Basile Niane, spécialiste des questions liées aux nouvelles technologies souligne qu’« un grand nombre de jeunes, électeurs particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, sont attendus aux urnes cette année. Cela a incité plusieurs candidats à se tourner vers les réseaux sociaux pour tenter de les convaincre ».

Au-delà de la facilité d’accéder à cet électorat assez important, le recours au digital offre également des avantages comparatifs importants par rapport aux outils traditionnels de communication.

« Les candidats peuvent gagner du temps, réagir rapidement et mener des activités efficaces pour atteindre les électeurs. Ils ont largement investi le Web, car il offre également des avantages en termes de production. Par exemple, le message véhiculé par les vidéos est souvent plus efficace que les visites sur le terrain, qui ne garantissent pas toujours un retour sur investissement », relève M. Niane.

Des approches diverses et variées

De nombreux candidats à la présidentielle ont publié leurs programmes en ligne, offrant ainsi une plus grande transparence aux électeurs. De plus, l’utilisation de plateformes comme YouTube et TikTok s’est généralisée, les leaders politiques exploitant ces canaux pour diffuser des vidéos engageantes afin de susciter l’émotion chez les électeurs.

Le Directeur Général de Socialnetlink.org, Basile Niane, prévient aussi sur l’importance de s’adapter aux spécificités de chaque plateforme. M. Niane explique que « selon le portail #Datareportal, Facebook, qui reste le réseau social le plus utilisé par les Sénégalais avec 97,84 % d’utilisateurs actifs en 2022, demeure le réseau social préféré des jeunes. En revanche, X a toujours été davantage utilisé par la diaspora et l’« élite » pour obtenir des informations rapidement ». 

L’utilisation de la communication digitale par les candidats est plutôt conventionnelle, explique l’analyste en technologies, médias et télécoms, Mountaga Cissé. « Les candidats se contentent souvent de publier des vidéos de leurs activités de campagne sans mettre suffisamment en avant leurs programmes politiques ».

Poursuivant, il relève aussi le fait que les leaders politiques ont surtout recours au live streaming pour diffuser en direct leurs caravanes et meetings. En outre, ajoute M. Cissé, la publicité ciblée sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche sont utilisés par quelques candidats pour mettre en avant leur profil et leurs programmes.

La désinformation, enjeu majeure du recours au digital

L’utilisation de la communication digitale lors des élections précédentes, en particulier aux législatives de 2019, a marqué un tournant dans la communication politique au Sénégal. Cependant, fait remarquer M. Cissé, il reste encore beaucoup à faire en termes d’innovation et d’utilisation optimale des nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle.

La propagation de fausses informations et la manipulation de l’opinion publique en ligne dans un contexte électoral est une des inquiétudes de l’expert en transformation digitale, Aboubacar Sadikh Ndiaye. « La vitesse à laquelle les informations circulent sur Internet rend difficile la vérification de l’authenticité des informations, ce qui peut entraîner la diffusion de fausses nouvelles et la manipulation de l’électorat », dit-il.

Il préconise l’adoption de mesures visant à promouvoir l’éthique et la déontologie dans le traitement de l’information en ligne en s’appuyant sur la sensibilisation des professionnels des médias, des influenceurs et des utilisateurs des réseaux sociaux à l’importance de vérifier les informations avant de les partager.

Les organisations de la société civile et des organes de régulation dans la surveillance et la réglementation de la communication digitale pendant les périodes électorales ont également un rôle crucial à jouer, conclut-il.

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