|
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Dans quelques jours, les électeurs ivoiriens se rendront aux urnes pour désigner leur prochain Président de la République. Après la réception de 60 dossiers de candidature par la Commission Électorale Indépendante (CEI), le Conseil constitutionnel a rendu publique, le 8 septembre 2025, la liste définitive des candidats retenus.
Les cinq candidats autorisés à participer à la présidentielle du 25 octobre 2025
Le Président sortant et chef du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Alassane Ouattara, a passé 15 années à la tête de la Côte d’Ivoire. Il est candidat pour briguer un nouveau mandat, à 83 ans. Économiste formé aux États-Unis, Alassane Ouattara se dit garant de la stabilité, du développement et de la continuité des réformes amorcées depuis son accession au pouvoir après la crise post-électorale de 2010-2011.
Source: Page Facebook d’Alassane Ouattara
Sous sa gouvernance, la Côte d’Ivoire a connu une croissance économique soutenue et une modernisation notable de ses infrastructures.
Ses partisans saluent un bilan marqué par la relance de l’investissement, la construction d’ouvrages publics et la préservation de la paix. Cependant, cette nouvelle candidature qualifiée de quatrième mandat suscite des débats. L’opposition y voit une remise en cause du principe de l’alternance promis en 2020. Le président sortant, lui, justifie sa décision par la nécessité de « poursuivre les grands chantiers engagés et de consolider la stabilité, avant de transmettre le flambeau à la nouvelle génération ».
Le candidat Jean-Louis Billon
Ancien ministre du Commerce et cadre du PDCI-RDA, Jean-Louis Billon représente la modernité et le changement. Homme d’affaires reconnu, il prône une gouvernance fondée sur la transparence, l’efficacité et la relance du secteur privé. Porté par le slogan “Une nouvelle voie pour la Côte d’Ivoire”, Billon entend placer la jeunesse et la justice sociale au cœur de son projet de société. Il incarne l’espoir d’une génération désireuse de tourner la page des rivalités politiques qui ont longtemps marqué le pays.
Source:page facebook de Jean-Louis Billon
S’il séduit une frange urbaine et instruite de l’électorat, notamment les jeunes cadres, certains observateurs estiment que son influence demeure concentrée
dans les bastions historiques du PDCI.
La candidate Simone Ehivet Gbagbo
Ancienne Première dame, Simone Ehivet Gbagbo fait un retour remarqué sur la scène politique, avec le Mouvement des Générations Capables (MGC). Après des années d’épreuves judiciaires et d’exil politique, elle affiche une volonté claire : réconcilier les Ivoiriens et redonner espoir aux “oubliés de la nation”.
Source : page facebook de Simone Ehivet Gbagbo
Femme de conviction, elle prône une Côte d’Ivoire “juste, souveraine et réconciliée”. Sa candidature est perçue comme une revanche personnelle, mais aussi comme un signal fort en faveur du leadership féminin. Mais son image divise l’opinion. Pour certains, elle symbolise la ténacité et la fidélité aux idéaux du FPI. Pour d’autres, elle demeure associée aux périodes sombres de la vie politique ivoirienne. Toutefois, sa candidature redonne espoir et visibilité à un électorat populaire, profondément attaché aux valeurs de justice et de patriotisme.
La candidate Henriette Lagou
Présidente du Groupement des Partenaires Politiques pour la Paix (GP-Paix), Henriette Lagou est une habituée des combats politiques. Ancienne ministre de la Fonction publique sous la présidence de Laurent Gbagbo, elle milite depuis plusieurs années pour une meilleure participation des femmes à la gouvernance.
Source : Page facebook Henriette Lagou
Candidate déjà en 2015, elle revient avec un programme axé sur la décentralisation, la moralisation de la vie publique et la promotion de l’égalité des chances.
Son discours, teinté d’éthique et de pragmatisme, s’adresse surtout aux femmes, aux jeunes et aux populations rurales. Même si certaines franges de la classe politique croient moins en ses chances de gagner la présidentielle, Henriette Lagou se présente cependant comme une candidate à prendre au sérieux. Elle incarne la persévérance et la diversité au sein du paysage politique ivoirien.
Le candidat Ahoua Don Mello
Ancien ministre et proche collaborateur de Laurent Gbagbo, Ahoua Don Mello présente sa candidature comme une alternative issue du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI). Ingénieur de formation, il défend une vision économique axée sur la valorisation des ressources nationales et la construction d’un modèle africain fondé sur l’autonomie et la solidarité. Malgré la désapprobation du PPA-CI, qui l’a démis de ses fonctions, Ahoua Don Mello a choisi de poursuivre sa route vers la présidentielle. Il appelle d’ailleurs les exclus du parti à se rallier à sa cause.
Source: page de facebook de Ahoua Don Mello
Son projet de société met surtout un point d’honneur sur un fonds souverain, pour mieux répondre aux besoins de développement. Son discours séduit les milieux universitaires et une partie de la jeunesse contestataire.
Les grands absents de l’élection présidentielle du 25 octobre 2025
La publication de la liste par le Conseil constitutionnel a confirmé l’exclusion de plusieurs poids lourds de la scène politique. Laurent Gbagbo, fondateur du PPA-CI, a vu sa candidature rejetée pour non-inscription sur la liste électorale, conséquence d’une condamnation antérieure. Comme lui, le candidat du PDCI, Tidjane Thiam, a aussi vu sa candidature rejetée, pour des raisons diverses dont la question de la double nationalité
Ces rejets, considérés par certains comme juridiquement fondés, sont perçus par d’autres comme politique. Ils ont ravivé le débat sur la transparence et la représentativité du processus électoral.
Une élection à forts enjeux
L’élection du 25 octobre 2025 s’annonce comme un test pour la démocratie ivoirienne. Entre la quête de stabilité et le désir d’alternance, le pays se trouve à un tournant.
La Commission électorale Indépendante (CEI) et le Conseil constitutionnel insistent sur la neutralité du processus. Tandis que les observateurs internationaux issus notamment de l’Union africaine, la CEDEAO, l’Union européenne, sensibles à la situation actuelle, suivent de près le déroulement du scrutin. Sur le terrain, des ONG et collectifs citoyens se mobilisent pour encourager la participation des populations et lutter contre la désinformation en ligne, facteur de tension lors des précédentes élections.
Si les observateurs de l’actualité politique ivoirienne estiment que le président sortant est en position de favori, l’issue dépendra surtout de la mobilisation des électeurs et du climat de confiance durant le vote.
